Rencontre avec le ministre Christophe BECHU : Quelle feuille de route ?
19 Sep, 2022

Comme l’ensemble des organisations syndicales représentatives du pôle ministériel de la transition écologique, des territoires et de la mer, la FSU a enfin été reçue parle nouveau ministre, deux mois après sa prise de fonction.

Il était accompagné de son directeur de cabinet et du DRH du pôle ministériel.

D’expérience, la FSU sait qu’une longue litanie de revendications corporatistes sur un court temps d’échanges ne sert à rien…

Elle a fait le constat que notre ministre était resté relativement effacé, malgré une actualité estivale révélatrice du dérèglement climatique: recul des glaciers, sécheresse, feux de forêt, …

La FSU a donc fait le choix d’axer ce temps sur un ensemble de questions pour chercher à comprendre les ambitions et l’état d’esprit du ministre :

  • Quelle est sa feuille de route? Son ambition politique dans un contexte de dérèglement climatique et d’effondrement de la biodiversité ?
  • Quelle Gouvernance ? Quelle articulation entre les différents ministères, la Première ministre et le secrétariat à la planification écologique ?
  • Une administration pour plusieurs ministères : Quelle cohérence sur les politiques menées ? Quelles conséquences sur le travail des agent.es au quotidien ?
  • Quelle est son approche du service public de l‘environnement, au sens large de notre pôle ministériel ?
  • Quels moyens, en particulier humains, dans un pôle ministériel en perpétuel effondrement, et qui subit de fait des réformes permanentes ? Les réorganisations : Stop ou encore ?
  • Quelle importance donne-t-il aux agents de ce ministère et quelle sera la force de son implication sur les dossiers RH, en tant que patron de ces agents ? Salaires, reconnaissance catégorielle : ira –t-il chercher des arbitrages ?
  • L’expertise tient une place importante au sein de ce ministère ? Comment la garder, voire la renforcer dans les établissements publics comme dans les services ? Quel rôle des écoles et de la formation, initiale et continue ? Fermeture de l’ENTE : Stop ?
  • Sera-t-il un ministre accessible, pour les agent.es et leurs représentant.es ?

Les éléments de langage du ministre

En introduction, le ministre nous assure que cette série d’échanges avec les organisations syndicales ne relève pas d’une obligation protocolaire. La transition écologique est un sujet majeur, qui nécessite une «énergie de dingue» et une capacité d’impulsion qui se trouve au sein de ce ministère. Cela nécessite des objectifs partagés et des moyens avec un budget et une équipe que sont les agent.es du ministère. Il faut donc s’en préoccuper, ce qui passe par du dialogue avec leurs représentant.es.

Le transport et le logement sont deux leviers importants (50 % des émissions de CO2), inclus dans le périmètre ministériel. L’intégration des collectivités territoriales à l’intérieur du champ ministériel doit permettre d’éviter de mettre de l’argent en mal-adaptation, les injonctions contradictoires, pour la mise en œuvre des mesures. La ville et la ruralité, attachées au ministère, sont nécessaires à la dimension solidaire de la transition.

Il estime qu’il est plutôt rassurant que la Première ministre pilote la transition écologique avec une feuille de route donnée dans chaque ministère.

Il faut donner le cap et le maintenir, même si parfois il faut tirer un bord pour éviter les difficultés passagères (Par exemple: le terminal méthanier au regard de la crise énergétique actuelle, le recours au plastique jetable en période de covid …). Quant à la cohérence des politiques, il va s’efforcer d’en être le garant.

Le ministre estime que le temps des diagnostics est révolu: ceux-ci sont connus et il souhaite lancer des chantiers de décisions, en partant des recommandations du Haut Conseil pour le Climat.

Des décisions sont à venir au plus tard en décembre, dans tous les grands domaines; Par exemple, sur la rénovation thermique des bâtiments publics. Il souhaite accompagner les collectivités dans leur mise en œuvre de la transition écologique avec le fond vert annoncé par la première ministre, en vérifiant au préalable si les dépenses envisagées sont bien adaptées aux objectifs climatiques.

Pour le ministre, il faut parler en tonnes de CO2 et non en déficit budgétaire.

Il y a un patron pour les agent.es: c’est lui !

Dans la préparation du PLF 2023, il a plaidé pour des moyens humains, cette année et pourtout le quinquennat.Réorganisations: son souhait c’est «stop», mais la réalité serafonction des arbitrages budgétaires obtenus…

Fermeture de l’ENTE : c’est une décision irréversible.

L’avis de la FSU

C. Béchu, un homme politique avant tout!Le ministre s’est efforcé de nous donner une image volontaire, cohérente et engagée auprès des agent.es.Il doit encore découvrir le fonctionnement du pôle ministériel, de ses services (les DDT-M, en particulier) et des établissements publics.

Derrière ces propos, le ministre reste un libéral convaincu, sans tabou sur les mesures d’externalisation vers le privé ou les collectivités territoriales, s’il l’estime nécessaire en termes de pragmatisme et d’efficacité …

Des propos aux actes…

Dès la fin du mois de septembre, nous pourrons juger de la réalité de son engagement et de celui du gouvernement,à la lecture des annonces budgétaires.

Au regard des propos du ministre, la FSU estime qu’il a maintenant un devoir de résultats !

D’ici décembre, les grandes orientations politiques devront être définies, dans tous les grands domaines.

Face à l’urgence : radicalité ou continuité (de petits pas !) ?

La FSU jugera rapidement l’efficacité de son engagement aux côtés des agent.es, en particulier sur les arbitrages attendus sur les quasi statuts (environnement, agences de l’eau) et plus largement sur les chantiers catégoriels et indemnitaires. Des décisions favorables sur le forfait mobilité durable seraient un premier signal, environnemental et social, pour les agent.es publiques, en particulier ceux du pôle ministériel !…

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