Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, interviewer sur France TV info
Pour la FSU, « Le principal problème, c’est que la revalorisation reste en deçà de l’inflation »
BenoĂ®t Teste souligne sur France TV info que la revalorisation du point d’indice ne s’inscrit dans aucun plan de revalorisation des fonctionnaires.
Le point d’indice de la fonction publique est revalorisĂ© : les 5,7 millions d’agents publics de la fonction hospitalière et des collectivitĂ©s territoriales bĂ©nĂ©ficient dès lors d’une augmentation gĂ©nĂ©rale de 3,5%. C’est une première depuis 2017 et la hausse la plus importante depuis 37 ans. BenoĂ®t Teste, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la FSU juge qu’elle est insuffisante car infĂ©rieure Ă l’inflation, et qu’elle ne s’inscrit dans aucun plan de revalorisation des fonctionnaires.
France TV info : Quel est votre sentiment sur cette revalorisation ?
BenoĂ®t Teste : Le principal problème c’est qu’elle reste en deçà de l’inflation. C’Ă©tait une mesure attendue et elle est effective sur les fiches de paie aujourd’hui, certes. Mais le gouvernement a quasiment thĂ©orisĂ© qu’il pourrait se permettre de faire une revalorisation en deçà de l’inflation de 1% ou 2%. Nous restons donc très prĂ©occupĂ©s pour la rentrĂ©e : on voit que les salaires se dĂ©gradent lentement mais sĂ»rement, et ce 3,5% ne va pas compenser cette dĂ©gradation sur le long terme.
Le gros problème de cette mesure, c’est qu’on n’a pas le dĂ©but d’une mĂ©thode sur comment on va faire en septembre. Et le gouvernement dit « on verra en septembre », mais il laisse entendre qu’il va vouloir redĂ©finir l’ensemble des statuts, imposer des missions supplĂ©mentaires pour conditionner les Ă©ventuelles revalorisations supplĂ©mentaires Ă du travail supplĂ©mentaire. On ne sait pas oĂ¹ on va. Il y a une inquiĂ©tude qui demeure très forte.
Est ce qu’il y a chez vous le sentiment de ne pas tirer les fruits de l’utilitĂ© des services publics qui a Ă©tĂ© mise en avant, notamment pendant la crise sanitaire ?
Oui, complètement. Je pense qu’il faut qu’on prenne la mesure de l’utilitĂ© des services publics et qu’on traduise en actes tous les discours qui ont Ă©tĂ© tenus pendant la crise sanitaire. Il n’y a pas que les services publics, on est Ă©videmment dans l’idĂ©e que l’ensemble des mĂ©tiers qui sont au service des autres sont des mĂ©tiers utiles Ă la sociĂ©tĂ©, doivent Ăªtre revalorisĂ©s.
C’est une question de reconnaissance. Cela passe par plusieurs aspects, la reconnaissance n’est pas que salariale bien entendu. Ce sont des choses qu’il faut regarder globalement. On a plusieurs propositions mais le salaire, ça reste un des Ă©lĂ©ments primordiaux.
Comment jugez-vous le coĂ»t de cette mesure, alors que le ministre Bruno Le Maire a affirmĂ© qu’il n’y aurait pas de d’augmentation d’impĂ´ts ?
On pense qu’on doit mettre plus d’argent Ă disposition des services publics parce que cela permet Ă la sociĂ©tĂ©, selon nous, de mieux fonctionner. C’est un investissement et pas un coĂ»t. Après, il faut effectivement dĂ©penser Ă bon escient et pas jeter l’argent par les fenĂªtres. Mais on pense qu’il faut consacrer de budget et donc trouver des ressources fiscales qui vont avec.
On conteste par ailleurs le chiffrage qui a Ă©tĂ© fait par le gouvernement Ă 7 milliards d’euros. La FSU estime que la mesure coĂ»tera 5 milliards d’euros grĂ¢ce Ă des recettes induites, et qu’il faudrait a minima doubler cette somme lĂ . Ce sont des sommes importantes, on en a tout Ă fait conscience, mais elles sont d’utilitĂ© sociale et elles sont Ă mettre en regard de l’Ă©vasion fiscale et de toutes les mesures qu’on ne prend pas pour permettre d’avoir des budgets consĂ©quents.